Filière porcine

Quelles garanties derrière les "signes de qualité" ?

La viande porcine est restée la viande la plus consommée en France (30,9 kgec/habitant) jusqu’en 2024. Déchue de sa 1ère place par la volaille de chair, cette dynamique s’inscrit dans un contexte de baisse de la consommation de certaines viandes en lien avec l’inflation et l’évolution des habitudes alimentaires de la population. Pourtant, malgré un tel succès auprès des consommateurs français, les cochons font partie des animaux d’élevage les moins bien lotis. Les consommateurs avertis se dirigent vers des produits sous signes de qualités, mais apportent-ils vraiment des garanties concernant le bien-être des porcs ?

La France compte environ 8 500 élevages porcins pour un cheptel de 12,2 millions de têtes[1]. La majorité des élevages de porcs actuels sont issus de la politique agricole menée dans les années 60. Cette dernière assurait aux agriculteurs de vendre à prix garanti (PAC de 1962) et offrait un soutien financier de l’État (loi du 28 décembre 1966), les incitant à produire plus et à se moderniser. Dans cette optique de production, les animaux ont été placés dans des bâtiments pour optimiser leurs performances.

En France, la diversité des modes d’élevage porcin est donc très limitée avec 95% des élevages en production standard intensive. Moins de 5% des porcs abattus sont produits sous signes de qualité (3,6% en Label Rouge et moins d’1% en Agriculture Biologique)[2]. Toutes les démarches de qualité ne se valent pas. Si certaines sont très engageantes pour le bien-être des porcs, d’autres font miroiter une qualité d’image basée sur des exigences peu ambitieuses ou qui n’ont rien à voir avec le bien-être animal.

Nous avons choisi de vous détailler les plus connues.

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Le porc français :

Ce logo est apposé sur les viandes de porcs, porcelets et coches (truies réformées). Il garantit que ces animaux sont nés, élevés, abattus et transformés en France. Le porc français n’apporte aucune assurance sur le bien-être des animaux en élevage porcin qui sont uniquement soumis à des exigences réglementaires européennes et françaises (tableau plus bas).

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Le Label Rouge :

Ce label, développé dans les années 60, est le plus ancien label de qualité pour les denrées alimentaires. À l’origine créé pour mettre en avant la qualité des produits de la filière avicole, il s’est progressivement étendu à d’autres productions. Si ce label permet l’amélioration des conditions d’élevage de certaines filières comme celles des poules pondeuses et des poulets de chair, il présente néanmoins de grosses lacunes de protection animale (autorisation de l’abattage sans étourdissement pour les volailles et les bovins !) et, pour certaines filières comme celle du porc, l’amélioration du bien-être animal est très discutable en fonction du cahier des charges appliqué : truies bloquées en cages de contention, mutilation des porcelets, caillebotis intégral etc. (tableau ci-dessous). Pour ces raisons, le Label Rouge ne peut pas être considéré comme un label de bien-être animal.

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L’Agriculture Biologique :

Initiée dans les années 60 par des agriculteurs contestataires de l’utilisation de pesticides et engrais, elle est reconnue par les pouvoirs publics en 1980 avant d’être encadrée par un règlement européen. Motivé par le respect de l’environnement, de la biodiversité et du bien-être animal, ce label apporte de nombreuses garanties aux consommateurs concernant les conditions de vie des porcs : accès à l’extérieur, densité réduite, présence de litière etc. (tableau ci-dessous).

Mais ces dernières années, la filière porc biologique a particulièrement souffert : l’offre en magasin était supérieure à la demande des consommateurs et ce phénomène, aggravé par l’inflation, a mené à un désengagement de l’aval (transformateurs, distributeurs etc.) et au déconventionnement de nombreuses exploitations bio. Un certain nombre de producteurs se retrouvent obligés de valoriser leurs produits via des démarches moins-disantes que l’agriculture biologique pour ne pas mettre la clé sous la porte…

L’OABA encourage ses adhérents qui consomment de la viande de porc à orienter leurs achats vers des produits sous le label Agriculture Biologique pour soutenir des éleveurs qui se sont engagés dans une démarche améliorant drastiquement le bien-être des porcs.

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TABLEAU OABA. * Dépend des cahiers des charges ; ** La surface/porc exigée dépend du stade physiologique de l’animal, voir : https://produire-porc-bio.chambres-agriculture.fr/decouvrir-le-porc-ab/la-reglementation-en-porcs-bio

a : Les truies sont bloquées en cages en maternité pour limiter les risques d’écrasement de porcelets. Pourtant, il existe d’autres leviers qui permettent de limiter ces écrasements (5) : sélectionner des truies avec de meilleures qualités maternelles, réduire la taille des portées pour avoir des porcelets plus robustes, améliorer le confort des nids à porcelets etc. De plus, les risques d’écrasement se concentrent sur les jours qui suivent la naissance, il n’est aucunement nécessaire de restreindre la truie aussi longtemps que ce qui est couramment pratiqué en élevage.

b : La caudectomie consiste à couper la queue des porcelets pour limiter les phénomènes de caudophagie (morsure et cannibalisme au niveau de la queue). La caudophagie est un comportement déviant exprimé par les porcs, témoignant de leur frustration, ennui et inconfort vis-à-vis de leur milieu de vie (6). Ainsi, il a été choisi “d’adapter“ l’animal aux bâtiments d’élevage plutôt que d’adapter l’élevage aux besoins comportementaux et physiologiques des porcs…

Depuis 2020, l’OABA travaille au sein de l’Association Étiquette Bien-Être Animal au développement d’une étiquette apposée sur les denrées alimentaires issues de porcs. Elle permettra aux consommateurs d’être informés sur le niveau de bien-être des porcs tout au long de leur vie. Les produits bio seront les premiers à prochainement adopter cette étiquette déployée depuis 2019 sur la viande de poulet de chair.

[1] France Agrimer, 2024. Fiche filière, viande porcine.

[2] IFIP, 2025. Porc par les chiffres 2024-2025.

(3) De Briyne et al., 2018. Phasing out pig tail docking in the EU-present state, challenges and possibilities. Porcine Health Management.

(4) IFIP, 2021. Impact de l’âge au sevrage sur la santé digestive et les performances de croissance en post-sevrage.

(5) Nicolaisen et al., 2019. The Effect of Sows’ and Piglets’ Behaviour on Piglet Crushing Patterns in Two Different Farrowing Pen Systems. Animals 2019.

(6) Commission Européenne, 2016. CE staff working document on best practices with a view to the prevention of routine taildocking and the provision of enrichment materials to pigs.

 

Article publié dans notre Info Mag du 1er semestre 2025 

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