Des programmes d’étiquetage en place
Au cours des dix dernières années, des initiatives d’étiquetage informant les consommateurs sur le bien-être des animaux d’élevage ont vu le jour dans les États membres de l’Union Européenne. Aujourd’hui, il existe une douzaine de programmes d’étiquetage volontaires relatifs au bien-être des animaux d’élevage dans au moins six États membres, portés par le secteur privé ou public. L’information donnée peut porter sur :
- Le mode de production
Cet étiquetage fait apparaître les modes de production liés à la phase d’élevage : en bâtiment (avec une densité d’animaux réglementaire ou réduite), à l’extérieur (avec un environnement plus ou moins enrichi, comprenant des arbres par exemple). Il est utilisé par le distributeur Lidl au Royaume-Uni sur la viande de poulet de chair. C’est le principe du code affiché sur les œufs aujourd’hui et rendu obligatoire en 2004 en Europe (0 : biologique, 1 : plein air, 2 : au sol, 3 : en cage).
- Le niveau de bien-être animal
Ces labels fonctionnent souvent avec des étoiles, des cœurs ou des numéros dont le nombre augmente avec le niveau d’exigence sur le bien-être animal. Par exemple, Bedre Dyrevelfaerd est le système d’étiquetage utilisé au Danemark pour les viandes de porc, de poulet et de veau. Le premier niveau correspond déjà à une amélioration du bien-être animal : pour le porc, le niveau « un cœur » garantit que les truies soient libres en maternité. Il porte sur les phases d’élevage et de transport. Les produits issus d’élevages standards ne sont pas étiquetés.
- Le mode de production et le niveau de bien-être
Ce système d’étiquetage est à l’initiative du groupe Casino et de trois ONG de protection animale, dont l’OABA. Aujourd’hui, il permet de donner au consommateur une information claire et fiable sur le mode de production, via les pictogrammes, et sur le niveau de bien-être animal des poulets de chair, par les lettres A à E.
Les niveaux A, B et C valorisent des pratiques d’élevage, de transport et d’abattage garantissant une amélioration significative du bien-être animal, avec par exemple l’obligation d’un accès extérieur aux niveaux A et B. Le niveau C garantit un niveau minimal acceptable en termes de bien-être animal pour les élevages en bâtiment. Les niveaux D et E informent le consommateur que les pratiques correspondent à un niveau minimal réglementaire (E), ou à quelques exigences complémentaires avec une mise en place de plans de progrès dans les bâtiments (D).
Les Pays-Bas, pionniers de l’étiquetage
Depuis 2007, les Pays-Bas sont les pionniers sur ce sujet, avec le label « Beter Leven », propriété d’une importante ONG de protection animale néerlandaise. Initié sur le poulet de chair, le label existe aussi aujourd’hui pour le porc, le bœuf, le veau et les œufs. Il permet d’informer le consommateur sur les conditions d’élevage et de transport associées aux produits, mais son cahier des charges n’intègre pas de critères relatifs à l’abattage.
En Allemagne, une initiative simplifiée
La multiplication des labels affichés sur les produits peut être source de confusion pour le consommateur, qui ne sait plus à quoi se fier et qui, souvent, ne connaît pas clairement les critères de bien-être animal associés aux différents cahiers des charges. Label Rouge, Label Rouge fermier, Bio, Appellations d’Origine Protégée… que garantissent ces labels sur les conditions d’élevage, de transport et d’abattage des animaux ?
En Allemagne, l’initiative Haltungsform envisage de construire une grille de lecture des référentiels existants, et permet ainsi de classer les labels existants selon le niveau de bien-être animal qu’ils assurent.
Vers un étiquetage obligatoire dans l’UE…
Le sujet de l’étiquetage avait notamment été abordé dans les conclusions du Conseil de l’UE sur le bien-être animal du 16 décembre 2019. Elles indiquaient qu’outre la législation, la promotion du bien-être animal au consommateur pouvait se faire par l’étiquetage. Les initiatives déjà en place en Europe ont permis aux consommateurs de « fonder leurs décisions d’achat sur des considérations liées au bien-être animal, tandis que les producteurs ont reçu une prime en contrepartie de leurs efforts ».
En mai 2020, la Commission européenne a publié sa nouvelle stratégie « De la fourche à la fourchette » visant à créer un modèle alimentaire plus durable.
Une des mesures proposées est notamment la mise en place d’un étiquetage européen du bien-être animal. Cela répondrait aux attentes des consommateurs européens qui exigent des informations sur le bien-être des animaux d’élevage, car 47 % des citoyens de l’UE « ne pensent pas qu’il y ait actuellement un choix suffisant de produits alimentaires respectueux du bien-être des animaux dans les magasins et les supermarchés » (Commission Européenne, 2016).
Un étiquetage multi-niveau, harmonisé et obligatoire du bien-être animal à l’échelle européenne permettrait :
· de donner au consommateur une information de haute qualité par le biais d’un étiquetage indiquant à la fois le mode de production et le niveau de bien-être animal. Un étiquetage obligatoire assurerait une information sur tous les produits, et non seulement sur les produits les mieux notés ;
· d’harmoniser le marché, en limitant la prolifération de labels qui concourt à la confusion des consommateurs et en incitant les producteurs à se positionner sur un segment (un niveau de bien-être animal) ;
· de préparer la transition des systèmes d’élevage et l’évolution de la réglementation en matière de protection animale.
Un étiquetage du mode d’abattage ?
Actuellement en France, et ce depuis de nombreuses années, des carcasses d’animaux abattus sans étourdissement se retrouvent sur le marché « conventionnel », sans aucune mention « halal » ou « kasher ». Certains consommateurs refusent de manger de telles viandes, au motif que cette méthode d’abattage entraîne des douleurs importantes pour les animaux. Toutefois, aucune information sur le mode d’abattage ne figure sur les produits. L’OABA milite depuis de nombreuses années pour que les modalités d’abattage (avec ou sans étourdissement) soient étiquetées sur les viandes et produits carnés, permettant ainsi aux consommateurs de suivre leurs principes éthiques.