Bien qu’elle soit devenue une véritable préoccupation sociétale, les candidats à l’élection présidentielle ne se saisissent pas de la question animale à la hauteur des attentes citoyennes. Vingt-huit ONG dont l’OABA s’unissent pour porter la voix des animaux autour d’engagements concrets et essentiels.
Depuis la toute première loi du 2 juillet 1850 qui interdisait les violences à l’encontre des animaux si elles étaient commises en public, jusqu’à la loi votée en novembre dernier visant à lutter contre la maltraitance animale et conforter le lien entre les animaux et les hommes, la reconnaissance et la protection des animaux a considérablement évolué. Si en 1850, la motivation affichée était de prémunir les humains des répercussions de violences faites aux animaux, aujourd’hui il est difficile de contester la nécessité de défendre les animaux au nom de leurs propres intérêts. Ainsi, peu de lois ont autant rassemblé d’élus de tous bords que celle adoptée récemment au Sénat et à l’Assemblée nationale à la quasi-unanimité (450 voix pour et seulement 2 voix contre).
Entre-temps, la science a largement démontré la proximité de leurs facultés mentales et des nôtres. Des singes, des sangliers et des oiseaux se transmettent des éléments culturels de génération en génération ; les rats sont capables de faire des sacrifices personnels pour aider leur prochain ; les poules fournissent des efforts pour éduquer correctement leur progéniture. Le langage, les émotions et la conscience de leur environnement et de leurs ressentis ont été attestés chez un nombre croissant d’espèces ces dernières années. Pourtant, jamais nous n’avons enfermé et tué autant d’animaux qu’aujourd’hui en France, dans des conditions souvent épouvantables.
Comment expliquer que la consommation française repose sur des systèmes d’élevage où 8 animaux sur 10 sont élevés sans accès à l’extérieur, alors que 91 % des Français sont défavorables à cette méthode de production ? Ou encore que la corrida perdure alors que plus de 6 Français sur 10 souhaiteraient la voir disparaître, dont 75 % des habitants des départements dits « taurins » ?
Ainsi, près de 7 Français sur 10 considèrent que les politiques ne défendent pas suffisamment bien les animaux. De plus, pour 47% des citoyens, l’engagement des candidats en faveur de la protection animale est désormais un facteur de choix électoral. Pourtant, la plupart des candidats à la présidentielle ne semblent pas en saisir l’enjeu et restent encore silencieux à ce sujet.
Dans ce contexte, 28 organisations de protection animale, représentant la diversité des animaux et des personnes qui soutiennent leur cause, ont mis en commun leurs expériences et revendications pour définir ensemble 22 mesures prioritaires pour les animaux. Ces avancées concernent 6 grandes thématiques : la prise en compte des animaux par l’Etat ; l’élevage, le transport et l’abattage ; l’expérimentation animale ; la captivité et les divertissements ; les animaux de compagnie et de loisir ; la faune sauvage et la biodiversité.
Concrètes, réalistes et largement soutenues par la population, elles correspondent aux besoins des animaux et aux attentes sociétales. Elles sont aussi ambitieuses, en ce qu’elles proposent une vision renouvelée de nos relations aux animaux, tenant compte de nos interdépendances et donc de nos bénéfices mutuels. Au-delà de notre relation aux animaux, elles touchent en effet à certains des plus grands défis contemporains : la protection de l’environnement, la sécurité alimentaire et sanitaire, la santé publique, le bien-être au travail, la maltraitance, les violences intrafamiliales…
En outre, la mise en œuvre de certaines mesures serait avantageuse pour notre économie, comme l’interdiction d’importer des produits issus d’élevages qui ne respectent pas l’équivalent des normes européennes de protection animale. Enfin, il a été démontré que les citoyens étaient largement prêts à financer les aides nécessaires à la conversion des filières professionnelles ou à payer collectivement le coût des mesures de protection animale, lorsqu’elles sont retranscrites dans le prix des produits.
Les candidats à la présidentielle doivent saisir l’importance des enjeux de la condition animale pour la société et l’attachement grandissant des citoyens à cette cause. C’est pourquoi nous leur demandons de s’engager sur 22 mesures prioritaires, réalistes et bénéficiant d’un large soutien populaire, pour l’amélioration de la condition animale en France.
Tribune publiée le 9 décembre 2021 dans Le Monde
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