Le point sur cette modification réglementaire en élevage
Instructions techniques :
« La castration chirurgicale à vif des porcs est interdite. Seule la castration chirurgicale avec anesthésie et analgésie, par d’autres moyens que le déchirement des tissus, est autorisée.
Seuls les vétérinaires peuvent pratiquer des opérations de castration.
Par dérogation, les détenteurs de porcs domestiques mâles et leurs salariés peuvent pratiquer la castration des porcs domestiques mâles âgés de sept jours ou moins. »
Depuis le 1er janvier 2022, les éleveurs ne sont plus autorisés à réaliser la castration à vif des porcelets. La castration à vif, décriée depuis de nombreuses années au nom du bien-être animal, concernait 80% des porcelets mâles en élevage. Elle était largement utilisée comme méthode pour éviter l’odeur de verrat de la viande, liée à la présence de molécules malodorantes produites à partir de la puberté des porcs.
De nombreuses alternatives à la castration à vif des porcelets sont déployées en Europe :
– Au Royaume-Uni, en Irlande et en Espagne, l’élevage de mâles entiers est majoritaire et les porcs sont abattus avant la puberté pour s’affranchir du risque de carcasses malodorantes.
– En France, une grande coopérative de producteurs de porcs, élevant 80% de leurs porcs mâles entiers, a mis en place des « nez humains » dans leurs abattoirs pour détecter les carcasses malodorantes.
– En Belgique, l’immunocastration se développe. Cette pratique repose sur un protocole vaccinal ayant pour but de retarder la puberté chez les mâles, et ce, sans résidus dans la viande.
Si ces alternatives se destinent à améliorer le bien-être animal, la réglementation laisse toujours la possibilité aux éleveurs de castrer leurs porcelets sous anesthésie locale et antalgie. Ces dernières permettent de diminuer la douleur liée à l’acte chirurgical mais ne garantissent pas sa complète suppression. En prérequis, les éleveurs doivent suivre une formation sur les bonnes pratiques de la castration (prise en charge de la douleur, technique chirurgicale…). Cette formation, composée d’un module théorique puis d’un module pratique, est complétée par un encadrement vétérinaire (prescription médicamenteuse et validation du protocole). Cependant, rien ne certifie l’application correcte de la procédure par les éleveurs.
De plus, un certain nombre d’abattoirs restreint le choix aux éleveurs en n’acceptant aucun porc mâle non castré. À cela s’ajoute l’annonce, par le syndicat Culture Viande, d’une pénalité de 23 ct/kg pour toute carcasse de mâle non castré, obligeant de nombreux éleveurs à poursuivre la castration chirurgicale de leurs porcelets.
Quelle formation pour les référents en bien-être animal dans les élevages de porcs et de volailles ?
Le ministère de l’Agriculture s’est engagé à la nomination d’un référent en charge du bien-être animal dans chaque élevage afin de « sensibiliser les personnes exerçant leur activité en contact avec les animaux ». Au sein des élevages de porcs ou de volailles, ce référent a l’obligation de s’engager dans un parcours de formation de 9h avec des formations labellisées « Bien-être animal » prises en charge par les organismes Vivéa et OCAPIAT.
Le référent sera sensibilisé à la prise en compte du bien-être animal en réponse aux attentes sociétales et au déploiement de pratiques visant à l’améliorer. Cependant, les missions du référent « bien-être animal » ne sont pas clairement définies dans la réglementation. Aucune obligation de moyen ou de résultat n’est évoquée.
Si ces formations ont le mérite de jouer le rôle de « piqûre de rappel » chez certains éleveurs, il ne faudrait pas que, dans les faits, elles se réduisent seulement à rassurer le consommateur…
Article extrait de l’Info Mag 2022-1 de l’OABA
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