Si l’homme considère le cheval comme le troisième animal de compagnie, la loi le considère comme un animal de rente ouvrant la voie à son abattage et à sa consommation [1]. Si 87% des Français sont favorables à la reconnaissance du statut d’animal de compagnie pour le cheval [2], 7% des foyers continuent de consommer sa viande.

Près de 5 800 tonnes de viande chevaline consommées en 2022 [3]

En 2013, plusieurs médias ont mis en lumière un des plus gros scandales alimentaires depuis la vache folle : le Horsegate, l’affaire Spanghero ou encore Findus, consistant à remplacer la viande de bœuf par la viande de cheval dans les plats préparés. Cette tromperie du consommateur a entrainé une baisse de 65% en dix ans de la consommation de viande de cheval passant de 17 000 tonnes de viande consommées en 2013, à 5 800 tonnes aujourd’hui. Cette consommation, si elle baisse continuellement, a tendance à se stabiliser depuis les 3 dernières années. Mais d’où provient cette viande ?

En 2022, près de 4 000 chevaux (dont 842 chevaux importés vivants) ont été abattus en France. Cela représente 1 100 tonnes sur les 5 800 tonnes consommées. La viande chevaline consommée en France est principalement importée, notamment de Roumanie ou d’Uruguay [4] où les conditions d’élevage peuvent nous laisser dubitatifs quant au bien-être des animaux [5].

L’absence d’abattoir français adapté pour les équidés

La filière équine doit également progresser sur le bien-être de ses animaux. Si certains acteurs se gargarisent d’avoir la bientraitance animale dans leur ADN [6], ils n’hésitent pas à envoyer une partie des chevaux de course se faire abattre. Pour autant, aucun abattoir spécialisé en équidés n’existe en France.

Comment est-ce possible alors ? Les abattoirs, pour satisfaire la demande, ont trouvé une solution avec la complicité passive de ceux qui ferment les yeux : ils font abattre les équidés sur la ligne d’abattage des bovins (!) et qu’importe si le matériel est mal adapté !

D’autres, probablement soucieux de la bientraitance si on le leur demandait, exportent vivants les équidés vers l’Italie pour qu’ils y soient engraissés et abattus, ou les envoient vivants par avion au Japon où ils seront abattus et leur viande sera consommée crue, en sushis.

Une lueur d’espoir ?

Si la détention, l’exploitation et l’abattage des équidés français sont loin d’être respectueux du bien-être animal, il faut relever que, pour la partie abattage et export en vif, cela ne concerne que 1% du cheptel équin français. Ce faible pourcentage nous donne une bonne raison de suivre la voie de nos voisins grecs puisque depuis le 29 juillet 2020, les chevaux y sont considérés comme des animaux de compagnie, entrainant l’interdiction de leur abattage et de leur consommation !  À quand ces décisions politiques en France et en Europe ?

  • En France, une proposition de loi a été déposée le 4 juillet 2023 par le député Nicolas Dupont-Aignan proposant d’inscrire le cheval dans la liste des animaux de compagnie et, par conséquent, d’interdire son abattage.
  • En Europe, une initiative citoyenne européenne (ICE) « End The Horse Slaughter Age » a été lancée le 21 septembre 2023 pour interdire l’abattage des chevaux dans l’Union européenne. Rencontrera-t-elle le même succès que l’ICE « End The Cage Age » ? Vous avez jusqu’au 21 septembre 2024 pour y apporter votre soutien [7].

La consommation de viande chevaline date d’une époque révolue.  L’OABA ne peut que soutenir les demandes visant à exclure les équidés de l’abattage dans notre pays et dans l’Union européenne.

[1] Article R213-1 du Code rural

[2] Sondage Ifop pour la fondation B. Bardot, février 2022

[3] Conjoncture Viande équine, bilan annuel 2022

[4] et [5] En témoigne le cas des fermes à sang

[6] Pierre Préaud, Secrétaire générale de la fédération nationale des courses hippiques, 26 août 2022

[7] https://citizens-initiative.europa.eu/initiatives/details/2023/000003_fr

Article paru dans notre Info Mag 2023-2

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