ABATTAGE SANS ETOURDISSEMENT
Le DTS : une avancée technique
I – Le DTS pourrait révolutionner l’abattage rituel
Depuis plus d’une dizaine d’années, une équipe de chercheurs travaille sur le développement d’une nouvelle méthode d’étourdissement des bovins appelée DTS (Diathermic SyncopeTM). Ces travaux sont menés en Australie, pays particulièrement soucieux de la protection des animaux à l’abattoir puisque l’étourdissement y est obligatoire (avant la saignée ou en soulagement[1]) pour tout animal, même ceux commercialisés sous certification Halal ou Kasher[2]. En Australie, les représentants des cultes tolèrent largement l’étourdissement, même s’il persiste quelques divergences d’opinions sur sa compatibilité avec certaines interprétations des textes religieux, à savoir que l’intégrité physique de l’animal ne soit pas altérée avant la saignée. Or, pour les bovins, les techniques d’étourdissement actuelles (matador) infligent des dommages irréversibles.
Les chercheurs ont donc conçu le DTS dans l’optique de satisfaire les attentes des cultes tout en assurant l’étourdissement efficace des animaux. Le DTS induit l’inconscience réversible des bovins en 2 à 3 secondes via l’émission d’ondes électromagnétiques élevant la température cérébrale de l’animal et menant rapidement à la syncope.
Plusieurs études ont montré que cette technique n’infligeait pas de lésion cérébrale et que l’animal pouvait reprendre conscience en 3 à 4 minutes. Les derniers essais ont mené à un taux de réussite de l’étourdissement de 100%, de quoi solliciter l’intérêt de nombreux acteurs. Des échanges ont été entamés avec la Malaisie, l’Indonésie, le Royaume-Uni, les Etats-Unis ainsi qu’Israël.
L’OABA a pu s’entretenir avec la directrice des recherches, le Dr Alison Small.
Extrait de la thèse de Thibault Dujardin
II – Des cultes prêts à discuter
L’OABA est membre du Comité National Ethique des Abattoirs (CNEAb) dont une des missions est de débattre de l’évolution de la législation relative à l’amélioration de la protection animale en abattoir. Ce comité réunit notamment des professionnels de l’abattage, des associations de protection animale mais aussi des représentants des cultes.
En 2021, le CNEAb a créé un sous-groupe technique de travail sur l’abattage sans étourdissement dont les réunions ont été interrompues quelques mois après sans justification. Depuis cette interruption, l’OABA n’a cessé de demander la réouverture de ce sous-groupe sans obtenir de réponse. Pour autant, lors de la dernière réunion du CNEAb, le représentant du culte juif a indiqué que le DTS représente “une piste intéressante d’endormissement par micro-ondes qui fait l’objet de toute [leur] attention et [qui] doit être explorée”. Sans être une victoire, cette position du culte israélite laisse espérer une réouverture des discussions. Pour cette raison, en mars 2025 et à l’initiative de l’OABA, une nouvelle demande de réouverture du sous-groupe a été portée auprès de la ministre de l’Agriculture, Annie Genevard, avec le soutien de la profession vétérinaire, et renouvelée en juin 2025.
Nous espérons que Madame la ministre y répondra favorablement car si l’arrêt des discussions au sein de ce sous-groupe pouvait s’expliquer à l’époque par une absence de technique d’étourdissement conforme à l’attente des cultes, ce n’est plus le cas aujourd’hui avec le DTS. A moins que le blocage ne vienne des professionnels de l’abattage qui ne souhaitent pas rendre de compte sur l’abattage sans étourdissement au sein de leurs structures…
III – L’absence de transparence du gouvernement
Depuis deux ans, l’OABA essaye de connaitre le nombre d’animaux abattus sans étourdissement dans les abattoirs français car selon la loi, il ne doit pas y avoir plus d’abattage sans étourdissement que de commandes (suite à une action OABA).
Malgré plusieurs courriers adressés aux Préfectures, deux avis de la CADA (Commission d’Accès aux Documents Administratifs) qui nous ont donné raison, et plusieurs réunions avec le ministère de l’Agriculture, ce dernier se contente d’indiquer qu’il ne possède pas de données chiffrées et qu’il ne peut donc pas nous les transmettre. Comment justifie-t-il alors, comme l’exige la règlementation, que les abattages correspondent aux commandes ? Cette absence de transparence ne laisse d’autres choix à l’OABA que de saisir les juridictions administratives.
[1] Étourdissement de l’animal juste après l’égorgement pour limiter son agonie
[2] Australian Standard for the Hygienic Production of Meat and Meat Products for Human Consumption, AS 4696 — 2007.
Article publié dans notre Info Mag du 1er semestre 2025
Mise à jour : la recommandation n°20 du rapport d’information parlementaire sur l’abattage encourage à poursuivre les discussions avec les cultes au sein du CNEAb.
Une demande de l’OABA, de la profession vétérinaire et désormais des députés. La ministre va-t-elle enfin répondre à cette volonté de reprise des discussions ?
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