Contrôle vidéo : suite au rapport du CGAAER, l’OABA maintient sa demande de voir la vidéosurveillance se généraliser à tous les abattoirs.

 

C’est une mesure qui figure dans la charte de notre collectif Engagement Animaux 2022 : imposer la vidéosurveillance obligatoire en abattoirs.

En effet, pour permettre une application effective de la réglementation et mettre un terme aux dérives inacceptables dans de nombreux abattoirs, nous attendons que la France rende obligatoire la mise en place de l’enregistrement vidéo dans tous les abattoirs, aux postes où sont manipulés les animaux.

Le 17 mai 2022, le Conseil général de l’alimentation, de l’agriculture et des espaces ruraux (CGAAER) dévoile dans son rapport final, les résultats de l’expérimentation du dispositif de contrôle par vidéo, déployé dans les abattoirs. Il en résulte que « si les exploitants reconnaissent qu’ils ont pu être prudents, voire à un moment donné réticents pour installer un dispositif de contrôle vidéo, ils sont unanimement satisfaits du dispositif, qu’ils trouvent utile et pratique. Personne ne souhaite le supprimer.

Ainsi, si la mise en place de caméras vidéo se banalisait et se généralisait, elle rentrerait sans doute dans la normalité en en faisant un des outils pertinents, à la disposition des professionnels, qui peut permettre de surveiller efficacement les animaux vivants jusqu’à leur mise à mort et particulièrement pour contrôler l’absence de signes de conscience. Le principe de focaliser les images sur l’animal ne pourra que faciliter son installation, son acceptation et son usage.« 

L’OABA formule donc de nouveau fermement son souhait de voir se généraliser la vidéosurveillance à tous les abattoirs de France.

« Le coût des installations étant un facteur limitant, la prise en charge de ces équipements dans le cadre du plan de relance est une action déterminante de la politique de l’Etat dans ce domaine. » (rapport du CGAAER)

Forte de son expertise, depuis plusieurs années, l’OABA aide les abattoirs volontaires à s’équiper, dans une optique de réduction de la maltraitance animale.

L’avis de Frédéric Freund, directeur de l’OABA :

L’installation de dispositifs vidéos en abattoir était une recommandation de la commission d’enquête parlementaire sur les conditions d’abattage, puis une mesure inscrite dans la proposition de loi Falorni adoptée en première lecture à l’Assemblée nationale en janvier 2017, mais restée sans suite législative.

En effet, la loi n° 2018-938 du 30 octobre 2018, dite loi Alimentation, a seulement instauré une expérimentation du contrôle vidéo en abattoir, sur la base du volontariat. Même si une très faible proportion d’abattoirs a participé à cette expérimentation, le rapport du comité de suivi de l’expérimentation, publié dans une première version en décembre 2020, est très clair.

Le pouvoir politique ne semble pas pressé de rendre obligatoire l’installation de caméras dans nos abattoirs. Tout au plus il incite les établissements à franchir le pas, en finançant une partie de cette installation au nom du « bien-être animal » comme l’illustre le plan de relance de 125 millions pour moderniser les abattoirs.

Plusieurs enseignes de la grande distribution ont également exigé ces dernières années, au nom de la transparence et de l’information due aux consommateurs, que leurs abattoirs fournisseurs mettent en place un enregistrement vidéo.

Finalement, pourquoi refuser ces enregistrements vidéo ? De peur que les images ne fuitent ? Mais désormais, tout le monde sait ce qui se passe dans un abattoir. Les images tournées en caméra cachée et diffusées au grand public, ont révélé la triste vérité que la filière viande voulait cacher aux consommateurs.

Une filière qui, à chaque scandale médiatique, jure la main sur le cœur qu’elle n’a rien à cacher. Et bien qu’elle le prouve et qu’elle oblige tous ses abattoirs à s’équiper en caméras. Les images serviront bien évidemment à contrôler les pratiques, à les faire rectifier, voire à les faire sanctionner en cas d’irrégularités. Mais elles serviront aussi à former les opérateurs en abattoirs, leur montrer les bons gestes, les bonnes pratiques.

Ces caméras seront enfin un outil supplémentaire à la main des services vétérinaires de contrôles, dont les effectifs n’ont cessé de diminuer au cours de ces 15 dernières années. Ce qui explique certains scandales médiatiques et procès judiciaires car les inspecteurs vétérinaires ne peuvent pas être partout dans l’abattoir… Ils ont dès lors tendance à privilégier le contrôle sanitaire des carcasses plutôt que celui des techniques de manipulation et d’abattage des animaux.

Cette seconde tâche pourra être dévolue en grande partie aux caméras dont les enregistrements seront à la disposition des inspecteurs vétérinaires qui les visionneront de façon aléatoire ou davantage ciblée grâce à des logiciels permettant de repérer des mouvements « suspects ».

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