L’OABA a participé à la manifestation organisée avec CIWF et 5 autres ONG, au sujet de la révision de la législation bien-être animal.

Le mardi 11 avril, l’OABA, CIWF, la LFDA, Welfarm, la Fondation Brigitte Bardot, QUATRE PATTES et Convergence Animaux Politique ainsi que des parlementaires de différents partis se sont rassemblés à côté de l’Assemblée Nationale. Ensemble, nous avons tous interpellé le ministre de l’Agriculture Marc Fesneau, afin qu’il soutienne des mesures plus ambitieuses pour les animaux d’élevage.

Cet événement intervient dans le contexte de révision de la législation bien-être animal par la Commission européenne. Dans ce cadre, le ministère de l’Agriculture mène des concertations afin de préciser la position de la France. Mais il a déjà été épinglé par nos associations notamment car il a refusé de discuter de l’abattage (ceci sera potentiellement revu suite à notre Lettre Ouverte) et a affirmé son soutien à l’exportation des animaux vivants.

Lors de ce happening nous avons axé nos revendications autour de 4 demandes majeures :
– l’interdiction de l’élevage en cage ;
– la fin des longs transports d’animaux vivants et exportations hors de l’UE, au profit d’alternatives telles que le transport de viande, de carcasses et de matériel génétique ;
– l’amélioration des conditions d’abattage et la création de normes de protection des poissons au moment de leur mise à mort ;
– la mise en place d’un étiquetage obligatoire du mode d’élevage et du niveau de bien-être animal.

Le Gouvernement doit entendre nos demandes et se montrer à la hauteur des attentes des Français, mises en lumière dans un nouveau sondage (voir le communiqué de presse plus bas).

Plusieurs députés et le sénateur Arnaud Bazin nous ont soutenu et certains ont même pris la parole afin d’exprimer leurs attentes pour les animaux d’élevage. Nous les en remercions vivement.

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L’adjoint au directeur de l’OABA s’est exprimé publiquement lors de cet événement. Voici son discours :

Comme vous le savez, la révision de la législation de l’Union européenne doit intervenir dans le second semestre 2023. Parmi les sujets, il y a l’élevage, le transport, l’abattage et l’étiquetage. L’OABA est particulièrement spécialisée dans le volet abattage, et il faut savoir que le gouvernement français a décidé d’exclure des concertations cette thématique, au motif qu’il n’y aurait pas assez de temps pour porter une position française sur l’abattage. Ce qui est tout simplement scandaleux, on peut le dire !

Pour autant, il y a des sujets qui peuvent être portés par la France ou en tout cas, qui doivent être débattus. Parmi ces sujets, il y a notamment la généralisation de la vidéosurveillance aux postes de manutention et d’abattage des animaux. Cette vidéosurveillance a été proposée la première fois par la Commission d’enquête parlementaire sur les conditions d’abattage puis inscrite dans la proposition de loi d’Olivier Falorni en 2016. Elle a été ensuite reprise dans le rapport du CGAAER en 2018 qui a été conclu en 2022 en disant que tous les abattoirs ayant mis en place cette vidéosurveillance s’en trouvaient satisfaits et ne voulaient en aucun cas revenir dessus. Aujourd’hui, la France est en retard par rapport à ses voisins européens : la Belgique, l’Espagne et le Royaume-Uni entre autres, ont installé cette vidéosurveillance dans les abattoirs. On demande donc à la France de porter cette position de généralisation de la vidéosurveillance à l’Union européenne.

Parmi les autres sujets qui peuvent être cités : l’abattage des femelles gestantes. Aujourd’hui en France, les femelles gestantes peuvent être abattues, aucune réglementation n’interdit cet abattage. Il y a une interdiction qui concerne le transport : aujourd’hui une femelle gestante ne peut être transportée au-delà des 90% du stade de gestation, mais une fois qu’elle est arrivée à l’abattoir (s’il y a eu un manque de contrôle ou un problème quelconque), elle y est abattue, alors qu’elle n’aurait pas eu le droit d’y être transportée. C’est un réel problème. D’autant plus que le fœtus ressent la douleur au-delà des 2/3 de la gestation. Donc une vache qui est transportée au-delà des 90% de sa gestation, non seulement va souffrir, mais son veau lui aussi va ressentir de la douleur. Cela a été démontré par l’EFSA, autorité scientifique. Il faut donc interdire l’abattage des femelles gestantes au-delà des 2/3 de la gestation.

Troisième sujet à évoquer dans le cadre de l’abattage : l’interdiction de l’étourdissement électrique par bain d’eau des volailles. Un rapport de l’EFSA en 2006 nous indique que suspendre les volailles la tête en bas pour les acheminer vers un bain d’eau électrifié est contraire au bien-être animal. Pour autant cette pratique est toujours autorisée, et de mauvais réglages électriques font que ces volailles sont électrisées sans être étourdies. Il y a donc une souffrance et un choc alors que cela ne devrait pas arriver. Par ailleurs, la DGAl a pérennisé via une note de service l’année dernière, une technique illégale, et critiquée par la Commission européenne, autorisant l’étourdissement des volailles à des paramètres électriques inférieurs à ceux préconisés par la réglementation. Les volailles sont donc choquées une première fois, et au lieu d’être étourdies (hors cadre abattage sans étourdissement), elles sont égorgées : c’est une double peine. Elles sont conscientes de se faire électriser puis elles sont égorgées sans étourdissement valable, ce qui est absolument immonde d’un point de vue bientraitance animale.

La dernière thématique que je vais aborder est la formation des opérateurs en abattoir. Aujourd’hui, un RPA (responsable protection animale) est dans tous les abattoirs, mais il y a d’autres personnes autour de ce RPA qui sont chargées d’abattre les animaux. En théorie, l’opérateur est censé avoir eu une formation et un certificat de compétence. Mais la règlementation autorise pendant 3 mois un opérateur non-formé à manipuler et abattre des animaux dès lors qu’il est accompagné par un opérateur formé, et qu’il est inscrit à une cession de formation. Cette formation nous paraît essentielle mais sans cette exception des 3 mois, d’autant plus que la formation est purement théorique et non pratique. Ce qui fait qu’il n’y a aucune manipulation des animaux. Il est pourtant compliqué de se former quand on n’a pas en face de soi les différentes réactions possibles de l’animal.

Ce sont des sujets qui peuvent tous être portés et nous paraissent importants. Vous l’avez remarqué, je n’ai pas parlé de l’abattage sans étourdissement, qui est l’un des sujets de protection animale chers à notre association. En effet, on sait très bien que c’est compliqué, et je sais que Lorène va vous en parler donc je vais lui laisser la parole. Merci.

Jimmy Gouédard, pour l’OABA

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Nos 7 ONG ont demandé un rendez-vous au ministre, et espèrent vivement le rencontrer à ce sujet…

Une sélection d’articles de presse :

Le Parisien : Bien-être animal : Marc Fesneau sommé d’agir pour « en finir avec les pratiques les plus cruelles » dans l’UE

Euractiv : Législation européenne sur le bien-être animal : 7 ONG interpellent le ministre devant l’Assemblée nationale

Positivr : Sept ONG appellent le gouvernement à agir pour améliorer le sort des animaux d’élevage 

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