Poussins et porcs : nouvelles annonces du ministre de l’agriculture Julien Denormandie

Actuellement, 50 millions de poussins mâles sont broyés ou gazés chaque année en France dans le cadre des élevages de poules pondeuses car il n’est pas rentable de les élever. Les mâles ne pondent pas d’oeufs et leur vitesse de croissance ne satisfait pas assez l’industrie de la viande.

Julien Denormandie a annoncé hier soir que la France allait devenir le premier pays au monde, avec l’Allemagne, à interdire l’élimination des poussins mâles, par gazage ou broyage. Cette décision fait suite à de nombreux échanges avec les filières professionnelles et les associations. En collaboration avec d’autres ONG, l’OABA continue à travailler avec les filières et le ministère de l’agriculture via le CNOPSAV afin de développer des méthodes permettant de mettre fin à l’élimination des poussins.

Selon le ministre, « le Conseil d’Etat sera saisi à la fin de l’été d’un projet de décret, qui imposera que :

  • Au 1er janvier 2022, tous les couvoirs devront avoir installé ou commandé les machines de sexage in ovo, permettant de démarrer les alternatives à l’élimination des poussins mâles.
  • Courant 2022, les machines devront être installées et fonctionner dans tous les couvoirs. Elles seront installées pour 2/3 de la production dès la fin du 1er trimestre. »

Une enveloppe de 10 millions d’euros du Plan de Relance sera consacrée à ces investissements, sous forme de subventions, dans la limite de 40 % du montant de chaque investissement.

Julien Denormandie annonce par ailleurs que pour le consommateur, le surcoût sera estimé à 1 centime d’euro sur le prix d’une boîte de six œufs.

Ce jour, il compte promouvoir la fin du broyage des poussins mâles lors d’un conseil des ministres de l’agriculture européens.

Rappelons néanmoins que la méthode de sexage in ovo par spectrophotométrie a un inconvénient : elle se fait au 13e jour, alors que la sensibilité du foetus est déjà présente potentiellement dès le 7e jour.

De manière générale, pour l’OABA, les techniques de sexage in ovo doivent donc impérativement intégrer :

– L’insensibilisation du fœtus (par des méthodes physiques à l’étude) avant la destruction de l’œuf, en particulier pour les procédés de sexage se déroulant après le 7ème jour.

– Le devenir des mâles nés à la suite d’erreurs de sexage.

Autre annonce : la fin de la castration à vif des porcelets

 

Le ministre de l’agriculture a annoncé la fin de la castration à vif des porcelets au 1er janvier 2022. Selon lui, « à partir de cette date, une majorité d’éleveurs feront le choix de ne plus castrer leurs bêtes ». Pour les éleveurs qui souhaiteraient continuer à utiliser cette méthode, il faudra opter « pour une castration sans douleur après une anesthésie locale« .

Quid des contrôles ?…

L’OABA prône dans l’idéal l’arrêt total de la castration des porcelets.

Rappelons également qu’en France, la castration n’est que l’une des multiples problématiques de l’élevage de porcs, qui se fait à 95% de façon intensive : les porcs n’ont pas accès à l’extérieur, vivent sur caillebotis, subissent une coupe systématique de la queue, …

Dans le même temps, la DGAl s’est montrée défavorable à l’interdiction de l’exportation des animaux vivants.

C’est en tout cas ce qu’Emmanuelle Soubeyran, directrice générale adjointe de l’alimentation du ministère de l’agriculture, a annoncé le 15 juillet lors de son audition par la commission d’enquête sur le transport des animaux.

Selon Contexte, « elle a justifié la position française par l’importance des débouchés en Italie et au Maghreb notamment, pour valoriser les bovins mâles dont la viande est boudée par les consommateurs français. Les exportations restent « indispensables à l’équilibre économique de la filière, et des producteurs dont les revenus sont parmi les plus faibles », a-t-elle insisté. La France entend néanmoins renforcer sa réglementation sur le transport des animaux, au-delà des textes européens. Un projet de décret est dans les tuyaux pour encadrer la formation à la manipulation des animaux (dans les navires, et dans le cadre du ramassage des volailles, par exemple), a souligné Emmanuelle Soubeyran. Un autre, qui découle des promesses du gouvernement en 2020 pour renforcer les sanctions, augmenter les contrôles et imposer la tenue d’un registre dans le transport maritime, est en cours de consultation et devrait être adopté d’ici fin 2021. »

Pourtant, tout comme les ONG de protection animale, de nombreux députés avaient souligné la nécessité d’interdire l’exportation d’animaux vivants vers des pays tiers, les États membres n’ayant pas les moyens d’assurer un contrôle approprié dans les pays de destination. Pour l’OABA, le transport des carcasses est à favoriser plutôt que le transport d’animaux vivants.