TRIBUNE – 38 ONG de protection animale dont l’OABA interpellent Emmanuel Macron sur son manque de positionnement par rapport à la condition animale

 

Monsieur le Président de la République,

Malgré les sollicitations des ONG et contrairement à de nombreux autres candidats [1], vous n’avez pas pris d’engagement en faveur de la condition animale durant la campagne électorale. Vous avez, en revanche, pris des positions clairement défavorables à la protection des animaux, que ce soit sur la question de l’abattage sans étourdissement ou sur celle de la chasse.

Votre premier mandat a donné lieu, sous l’impulsion des parlementaires de la majorité comme de l’opposition, à des avancées notables quant à la protection des animaux sauvages captifs et des animaux de compagnie. Vous avez cependant fait preuve de complaisance vis-à-vis du monde de la chasse, à rebours de votre discours sur l’écologie.

Aussi, la condition des animaux d’élevage n’a pas connu d’avancée majeure, en dépit de vos promesses quant à l’interdiction de l’élevage des poules pondeuses en cage ou la vidéosurveillance obligatoire en abattoir.

Votre absence de positionnement clair en faveur de la condition animale se traduit dans la perception des Français : 68% d’entre eux vous jugent peu ou pas engagé sur cet enjeu alors même que 81% des citoyens se déclarent sensibles à la question animale [2]. Au premier tour de l’élection présidentielle, une large partie des électeurs a fait le choix de candidats engagés sur ce sujet. Nombre d’entre eux ont, par la suite, contribué à votre réélection. Leurs préoccupations ne peuvent plus être ignorées.

Nous vous demandons d’entendre les nombreux citoyens pour lesquels cette question est cruciale et de dessiner une feuille de route claire et ambitieuse quant à la protection animale. Les cinq ans à venir doivent enfin constituer un tournant majeur sur le sujet.

Vous avez par ailleurs exprimé votre volonté d’agir plus fortement sur les questions écologiques. Or, sur de nombreux aspects, les enjeux environnementaux et ceux de la protection des animaux sont étroitement liés.

C’est le cas en ce qui concerne l’élevage et l’alimentation : planifier la sortie de l’élevage intensif réduirait à terme la consommation des produits issus de l’élevage, permettant ainsi de limiter substantiellement nos émissions de gaz à effet de serre, tout en imposant moins de souffrances aux animaux. Cette politique permettrait également d’atteindre l’objectif d’une plus grande autonomie alimentaire que vous appelez de vos vœux pour la France. La conjoncture géopolitique actuelle et l’ombre d’une crise alimentaire majeure dans certaines régions voisines du monde devraient vous alerter sur l’urgence d’un changement de direction. Les changements climatiques rendent de toute manière ces efforts indispensables pour nourrir, à terme, la planète.

C’est également le cas en matière de protection des animaux sauvages. Il n’est aujourd’hui plus possible de déplorer le déclin de la biodiversité tout en soutenant sans discernement les demandes des chasseurs, et plus généralement, sans prendre de décision majeure de protection stricte de certains territoires naturels. Cela n’est plus acceptable aux yeux des citoyens, qui pâtissent déjà de l’impossibilité de profiter de l’espace naturel en toute sécurité.

Enfin, si nombre de nos demandes, telles que le développement des méthodes substitutives à l’expérimentation animale, peuvent faire l’objet d’un consensus et n’attendent qu’une réelle volonté politique, d’autres vous obligeront à trancher entre des intérêts divergents. C’est le cas notamment des pratiques de chasse et de pêche les plus cruelles, de la question du partage de l’espace naturel par les chasseurs et non-chasseurs, ou encore de la corrida. Sur ces sujets, le « en même temps » n’est pas tenable. Tout comme il n’est plus entendable, pour de très nombreux Français, qu’une infime minorité dicte les positions des pouvoirs publics, à contrepieds de la volonté d’une majorité de citoyens. Pourquoi, d’ailleurs, sur ces sujets cruciaux, ne pas s’en remettre plus souvent aux Français pour trancher, comme vous en avez exprimé récemment la volonté ? Pourquoi ne pas dès maintenant annoncer un référendum quant à ces questions ?

Sur le sujet de la condition animale, comme sur bien d’autres, vous devrez faire preuve d’écoute et agir avec ambition, afin de redonner confiance aux citoyens en la démocratie.

Nos ONG resteront vigilantes et mobilisées tout au long de ce quinquennat. Nous le serons, de manière pragmatique et constructive mais déterminée, conscients d’avoir le soutien d’une grande majorité de citoyens.

[1] Voir : engagement-animaux.fr/election-presidentielle-2022 ;

wiki.politique-animaux.fr/presidentielle-2022 ;

[2] Sondage IFOP pour Engagement Animaux 2022, mars 2022 :

Les Français et la cause animale dans le cadre de l’élection présidentielle de 2022

ONG signataires :

Convergence Animaux Politique

AVES France

Alliance Anticorrida

Action Protection Animale

ADOCMU

Animal Cross

Animal Justice et Droit

ASPAS

Association de Protection des Animaux par le Droit (APRAD)

Association pour la Protection des Animaux Sauvages (ASPAS)

Association pour le Droit à l’Objection de Conscience en Milieu Universitaire (ADOCMU)

Association Stéphane LAMART

Association Végétarienne de France

AVA (Abolissons la Vénerie Aujourd’hui)

C’est Assez!

CIWF France

Code Animal

COLBAC Anti corrida Béziers

Collectif International Campaigns

Convention Vie et Nature

CRAC Europe

Education Ethique Animale

Fédération des Luttes pour L’abolition des Corridas (FLAC)

Fondation Brigitte Bardot

Fonds international pour la protection des animaux (IFAW France)

Global Earth keeper

L214

La Société Protectrice des Animaux (SPA)

Ligue pour la protection des Oiseaux (LPO)

OABA (Oeuvre d’Assistance aux Bêtes d’Abattoirs)

One Voice

Paris Animaux Zoopolis (PAZ)

PETA France

Pro Anima

QUATRE PATTES

Réseau Sentience

Réseau-Cétacés

Sea Shepherd France

Société Nationale pour la Défense des Animaux (SNDA)

Tribune parue dans Le Journal du Dimanche, le 14 mai 2022

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